mardi 6 novembre 2012

Interlude philosophique: "Contre-histoire du skateboard" par Bernard-Henri Léwis


Skatouze Monde donne carte blanche au philosophe culturiste Bernard-Henri Léwis. Un point de vue, brillant, passionné et objectif sur la nature intrinsèque du skateboard et sur son évolution dans le temps, qu'a bien voulu nous offrir le penseur germano-loupiacois.

ATTENTION : Cet arclite n’est pas un arclite sur la reproduction animalière.



QUENELLE INTRODUCTIVE :
  

Après quelques réticences à m’élancer, c’est avec une certaine classe qu’il me faut prendre les devants, ma bite et mon stylo , devant la pesanteur ambiante . A la façon d’un débutant en skate voilà ma première accélération, pointent déjà devant moi les premiers obstacles, préparation hésitante du premier gap…J’ arrive rock’n’roll sans aucun contrôle de ma vitesse et je fonce droit sur les clochards qui dorment, first trick dudes !
Le skate et l’écriture n’ont rien de vraiment similaire avec le jeu ,puisque dans l’un comme dans l’autre ils déploient leur propres cadres de vénération, leur commencement n’a rien de prophétique, c’est une promesse à lui seul. 

Au commencement il y avait…il y avait… il y a toujours l’essentiel ! « L’homme créa Dieu disent les plus subtils ».
Commençons donc par les questions,
Qu’en est-il du progrès si ce n’est de perfectionner la crème dépilatoire, le gel à cul ou les capotes goût salami, la culture peut-elle encore s’associer à une forme discrète de progrès ? Les jeux ne sont-ils-faits que pour développer les capacités cognitives de l’enfant dans la crainte d’une décadence possible à l’âge adulte ? Voilà tout ça c’est des questions…

A propos du jeu, la théorie marxiste de l’histoire semble peu efficace pour expliquer que le divertissement fut autrefois le plaisir de la multitude dans le fait de raccourcir les gueux dans la Grèce antique et que de nos jours, il soit associé à la falsification de l’instant de plaisir avec N. Aliagas comme représentant. Déjà fock ! Tout n’est pas explicable par les « relations entre forces productives ». Non Mister Marx! Toutes les sociétés ne sont pas plus expérimentées que les précédentes dude ! … Pauvre Grèce, un dicton grec dit d’ailleurs : « De l’épine pousse la rose et de la rose pousse à nouveau l’épine » que le skate soit cette dernière épine, au nom de la rose ou au nom de Dieu!

Pour ce qu’il en est du progrès, la roue, cette invention formidable, que l’on désigne parfois comme la plus grande avancée de la science, servait autrefois à utiliser la force de traction des bœufs pour cultiver. L’apparition du skateboard est cet évènement permettant aux « bœufs » de reprendre le pouvoir sur la fonction initiale de la roue, avec la roue ils se cultivent eux-mêmes ;ils gagnent encore en autonomie, ils redécouvrent grâce au synthétique des valeurs naturelles. Ils se jouent de la roue, ils font d’elle la condition d’un progrès et non sa synthèse. Seule prérogative que l’on demande encore à la roue ? Qu’elle puisse aussi rouler d’elle-même, la condition immanente au progrès dans ce domaine devient le mouvement humain entraîné par la roue, comprenez-vous l’utilité ? Que la roue s’enivre de pouvoir enfin dérivé de son rôle, lorsque le skateur devenu maître la délivre, vive la roue-libre. Dans ce monde il y a ceux qui ont un skate et ceux qui creusent, toi tu creuses !

Toute étude historique, si elle est faite sérieusement, ne saurait se passer de la présentation de celui qui la vit, une brève présentation de ma personne s’impose donc : 
« En quelques manières, je suis le rail à nutshot sur lequel tout le monde se brise, que les audacieux me respectent, plus on me prend de haut plus je casse les couilles ! Des mauvaises chutes lecteurs Indianajonesques va y en avoir ! Je suis un peu comme un homophobe en pleine ascension à San Francisco qui cherche une armurerie, comme un toréador fier, la taupe au guichet qui salue la foule d’un clin d’œil tel Dave avec la mi-mole dans une féria j’ arrive pour palper des culs transpirants . Mon plus grand moment de gloire en skate fut une tirette noseslide sur une bonne dizaine de centimètres à l’age de 13ans sur le trottoir waxé d’une gare rurale, inoubliable ! Majestueux ! Mythique ! Ouais uniquement pour moi, bref fermez-là !!!!Cette fois-ci j’arrive en fonky backside talkshit ! »

ANAL-LISE :

Par quoi commencer si ce n’est par le constatable, le style, prenons les faits pour ce qu’ils sont. Il y a eu le californien blondinet cheveux aux vents qui était certainement la réponse dialectique à la sale face de Ringo Star dans les 70’s , une sorte de queutard qui ne pouvait se priver d’un petit bout de vermisseaux quand la bise fut venue, si t’étais pas blond t’ étais pas bon !
Plongeons dans l’abîme, dans les 90’s ( oui car il n’y a jamais rien à dire sur les années 80, de la merde en boîte,; Patrick Swayze, les Bronzés ,Karl Léwis, TopGun, le sèche linge…) où le jean baggy faisait fureur dans le mouvement skateboardistique à compléter avec une coupe lowcost ou une casquette de merde à l’envers, sans oublier les shoes de deux kilos chacune sous lesquelles se déchirait le jean, ça c’était la classe américaine…bullshit !
2012, année apocalyptique, prenons un jean slim très adapté pour pour les gay pride les plus dépravées que multiplie des chaussures de plage que multiplie une raie du cul à l’air avec une veste à motif le tout au carré de la coupe de scout de 10ans planquée sous une NEW Era flashy et l’on obtient après un calcul long mais simple ,un rebelle hermaphrodite… « Mais c’est qui ce mec il est trop swag !? »… bordel de queue ! Que les gamines aient des goûts de chiottes c’est leur problème mais un peu de charisme les mecs mer-de, la board c’est pour skater ou pour se l’enfiler ?

Imaginons à la manière hégélienne une synthèse dialectique du style des skateurs pour 2030 et l’on obtient une référence de l’infâme, je vous laisse vous faire votre idée , le dégueu-en-soi…
Reconnaissons que le style vestimentaire « des skateurs » et de plus en plus similaire (dégueulasse) avec la mode de son temps, il était pourtant un élan émancipateur qui tombe peu à peu sous les coups « des trop nombreux » , « du troupeau », dans une analyse macrosociale ( de groupe), absolument !

Sans véritable transitions, reconnaissons l’importance de différencier le signe de son sens sous le miroitement dangereux de la perspective (phase de repos pour toi lecteur)… …Celui qui bat sa femme ne fera pas forcément des grinds bien gras sur un curbs bien au carré !
Le fou et le plus raisonné des hommes ne peuvent être discernés par le même signe (chacun fait un ollie par exemple).
C’est l’ordre dans la succession des signes qui est le seul capable de jeter l’anathème sur l’un ou l’autre. 
Ainsi, certains ne se reposent pas en haut des modules, ils se perchent pour mieux regarder leurs proies (ou pour regarder le fessier de jeunes filles approchant la majorité). 
D’autres ne choisissent leurs tricks qu’au dernier moment, c’est visible et interprétable, ceux-là sont des freestylers aussi dans la vraie vie. 
Dernier exemple, ceux qui choisissent leurs tricks en fonction de… (leur concurrent, la situation CONTESTuelle, ta mère en short ) sont encore dans la recherche d’approbation ; dans le conflit des affects .
 Percevez-vous encore cet héritage? Cette animalité dans votre façon de skater? Ça c’est un truc qui me fait vous dire : « J’adore ce que tu fais en ce moment." Mon regard vous gêne mais vos gènes me regardent sachez que les vrais reconnaissent les vrais.


Je vais questionner en ces termes, est-ce un regain de vitalité qui vous a emmené à la pratique du skate? Etes-vous la malléable et frivole résultante d’un évènement historico-culturel qui, à peu de choses prêt, aurait pu faire de vous des adeptes de Raël ou des putes accrocs au crack ? Vous dirigez vous dans la vie grâce au skate ou est-ce le skate qui vous dirige ? Etes-vous au skate le Jacques Mayol ou le petit Grégory de l' apnée ? Nous ne sommes tous qu’un gap plus ou moins grand entre héritages et libertés.
« Skater et chier c’est pareil, c’est quand on commence à le faire dans les lieux publics qu’on a des problèmes ».

DE LA TECHNIQUE …..

Après ce petit spot bien sympa sur le skate et ses apparats historiques, il va falloir rentrer dans l’être, je pense que personne ne s’en plaindra, rentrer dans l’être c’est mon dada, c’est le début de la vert, de la vertigineuse image de soi, et un aller-retour un !

Espérons que le texte ai déjà pu mettre de côté les plus faibles d’entre vous, je veux qu’il ne reste que des guerriers, « le savoir est une arme » dit- on, qu’elle ne serve pas à se défendre mais à évaluer ses limites, et je me mets volontiers le couteau sous la gorge : « la douleur peut être une source de plaisir»(avec l’accent allemand) dit-on aussi. Si le skate est un art alors il vénère Dionysos sans l’ombre d’un doute, il a assez de caractère pour cela, une certaine inconstance dans le rythme, dans l’espace aussi pour qu’il puisse vivre .Il n’a nul besoin de temple comme les apolliniens le préconiseraient pour augmenter sa puissance, non c’est du mouvement qu’on besoin les dionysiaques pour exister, c’est avec ce dernier qu’ils nourrissent leur art ! « Y’ a du danzer ou ça ? Z’adore ça le danzer moi ! ».
Ce vers quoi je veux tendre par-là, c’est que malgré le fait qu’il y ai pratiquer et pratiquer (cf. le petit Grégory du skate) , il faut reconnaître le potentiel de chacun, mieux ,la réelle similitude des êtres, de ceux qui veulent libérer leur esprit, libérer le corps (cf. Jacques Mayol de l’apnée) doit être le principe fédérateur en amont de la pratique. Pour prendre l’exemple des écoles de skate, leur but n’est –il pas plutôt de montrer de réels exemples de vie « libre » que de repositionner le pied arrière du bambino? De montrer l’étendue des possibles plutôt qu’un schéma logique de progression adapté à l’enfant? Faut-il leur épargner les souffrances qui potentialisent la réussite future ? Faut-il reproduire les exigences de performance que les skateurs en herbe subissent déjà à l’école et chez eux ? Je ne pense pas que cela soit une clé vers l’excellence, la liberté est à acquérir, ou plutôt en constante acquisition voilà selon moi le concept fondamental dans l’apprentissage, dans la répétition ou dans la pratique : 
« Sois heureux et alors fais ce qu’il te plait »… quitte à ramasser tes chicos, à saigner du cul et à te faire surnommer « The king of Scorpions » ; quoi de mieux pour approcher une princesse du désert ! Et pourquoi pas !
A toi skateur qui n’écoute pas Maxime Leforestier tu sais que tu as le choix, que même les trottoirs de Manille t’appartiennent ,que tes cadres de vénérations à tes débuts ne doivent pas durer, qu’il n’ y a pas d’idoles ici, que l’élève doit passer maître le plus tôt possible, que dans le Skate le commencement n’a rien de prophétique et ce malgré les Christ Air qui « clouent » le public en fin de carrière. Le commencement c’est ton seul commandement. C’est le tien de toi !

POUR ME FINIR :

Dans une société auto-instituée telle que la nôtre ; où la pensée héritée fait bon ménage avec les « réformes » politique à la mords -moi la nouille, il y a dans les skate en tant que mouvement social une place pour la liberté d’action et pour l’initiative individuelle. L’histoire du skate n’est pas encore tracée, et on ne participe pas à l’histoire en mettant un bulletin secret dans une urne qui ne laisse que deux choix possibles, pas de choix possibles. Mais il y a ici une interprétation nouvelle en terme d’esthétique, d’art, d’engagement, de vérité ,de fraternité, d’ apprentissage qui peut finalement permettre à celui qui pratique de renouveler avec des valeurs perdues ou pourquoi pas d’instaurer un nouveau cadre de valeurs .
« Un flip ou un Rembrandt qu’importe ! C’est à sa patte que la reconnaissance se donne à l’artiste »

Je finis avec un beau truc, un beau trick et une belle trique !

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